Chaque rencontre, chaque dialogue entre deux ou plusieurs personnes est unique et nous pouvons en faire un moment « sacré » par le don de notre écoute et le don de notre parole. Mais, cela n’est pas si facile tant nous sommes habitués à couper l’autre, à juger ou interpréter. Le bâton de parole peut alors être un auxiliaire précieux. Celui qui le détient est alors responsable de sa parole, il n’a pas peur d’être coupé. Il se tient à ce bâton, il n’est plus dans le vide. Sa parole ayant du poids, il y fera d’autant plus attention. Pour les autres, c’est le temps du silence, c’est le temps de laisser tomber ses émotions, c’est le temps de faire la paix intérieure pour écouter, écouter vraiment. Je ne suis plus là pour réagir, mais pour accueillir une parole comme une graine semée. J’ai aussi le temps de laisser se former en moi, peut- être, des paroles que je dirai quand je prendrai à mon tour le bâton.
Plus le bâton sera introduit comme un objet « sacré », plus il agira dans le groupe.
Personnellement, je choisis du beau bois ramassé lors de marche ou de pèlerinage et je l’introduis comme dans une cérémonie. J’ai l’intention d’y ajouter un sac de graine pour enrichir l’aspect symbolique de la parole, qui lorsqu’elle est donnée n’appartient plus à son auteur, elle voyage et se pose au creux des oreilles et des cœurs. Je l’utilise pour des partages ou des échanges mais jamais systématiquement pour garder le relief nécessaire à une bonne appréciation. Dans un groupe, il peut être déposé au centre et celui qui veut parler s’en saisi ou circuler dans un sens, chacun le passant à son voisin lorsqu’il a terminé.
Denis Legros, 20 novembre 2014